La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.
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13 ASSURANCE et Yvonne seraient-ils toujours capables de payer les primes de l'assurance ? Selon les projections complétées (et dans la plupart des cas similaires), non. À cet effet, l'Institut canadien des actuaires estime qu'environ 34 % des polices d'assurance T-100 sont annulées au cours des dix premières années de la souscription 4 . Après dix ans, le taux de déchéance annuel est d'environ 1 %. La question à se poser est : pourquoi Pierre et Yvonne souhaitent-ils couvrir les impôts au décès associés à leurs REER ? Si c'est parce qu'ils souhaitent léguer de l'argent à leurs enfants ou petits-enfants, ne serait-il pas plus profitable pour le couple de leur verser une partie de cet argent de leur vivant ? En effet, lorsque le dernier des deux conjoints décédera (dans environ 30 ans, selon leur espérance de vie), leurs enfants seront vraisemblablement à la retraite ou à l'aube de la retraite. Ces derniers devraient, théoriquement, ne plus avoir besoin du capital qui leur sera versé. Aussi, la valeur relative du don n'aura plus le même impact que s'il était reçu aujourd'hui. Premièrement, en raison de la diminution du pouvoir d'achat qu'entraîne l'inflation, mais aussi en fonction de l'utilité relative de l'argent selon la phase économique de vie où on se situe 5 . Cela permettrait également à notre couple de limiter les risques auxquels ils s'exposent puisque contrairement à une police d'assurance dont la prime devra toujours être payée, et ce, jusqu'au dernier décès, les dons effectués du vivant peuvent être arrêtés si cela devait s'avérer nécessaire. Considérant les risques de déchéance, l'impact sur les liquidités et sur les risques de survivre à son argent à la retraite ainsi que l'utilité relative du don au moment de sa réception, offrir des legs du vivant est une option beaucoup plus sécuritaire pour quelqu'un qui souhaite léguer une somme d'argent. Sinon, une option presque aussi lucrative pour les héritiers, mais moins risquée pour notre couple, serait que ces derniers investissent l'équivalent des primes d'assurance dans un CELI. Le Tableau 1 illustre que selon diverses projections complétées en fonction de l'espérance de vie selon divers risques de survie, les sommes accumulées dans le CELI à l'âge du second décès sont quasiment équivalentes au montant de la prestation décès de l'assurance vie et ne présentent aucun risque de déchéance 6 . De plus, contrairement au capital- décès de l'assurance vie, cet argent peut être utilisé à tout instant, en cas de besoin ou pour donner à leurs proches de leur vivant tel que nous l'avons suggéré précédemment. 4 INSTITUT CANADIEN DES ACTUAIRES, Expérience de déchéance des polices d'assurance temporaire 100 ans, novembre 2007. 5 Théorie des phases économiques de vie. Phases de vie : dépendance, accumulation, consolidation, indépendance, transfert. 6 Notez qu'il en serait de même si les enfants de Pierre et Yvonne décidaient de souscrire une assurance pour couvrir les impôts sur les épargnes enregistrées de leurs parents. Tableau 1 Dans tous les cas, pourquoi vouloir couvrir l'impôt alors que celui-ci n'excédera jamais le montant du legs ? En effet, l'impôt à payer au décès n'est qu'une fraction (pourcentage) de la valeur de l'actif. Hormis les autres considérations, il y aura ainsi toujours un montant qui sera légué, et ce, peu importe le solde résiduel du compte d'investissements (à moins qu'il ne tombe à 0 $). Conclusion Le recours à l'assurance n'est réellement intéressant qu'en cas de décès très hâtif. Est-ce que Pierre et Yvonne se le souhaitent ou le planifient ? Souhaitons-leur que non ! Placement CELI équivalent à la prime Risque de survie Espérance de vie au dernier décès Valeur du CELI 50 % 92 196 758 $ 25 % 96 240 483 $