La Cible

Mai 2016

La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.

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8 lacible | Mai 2016 FINANCES Étude de cas Léonice vient d'avoir 71 ans et d'ici la fin de l'année, elle devra convertir les sommes de son REER en fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) ou encore, si elle veut se prémunir contre le risque de longévité, souscrire une rente. Avec l'espérance de vie qui ne cesse d'augmenter, les développeurs d'instruments financiers font preuve d'imagination pour trouver le produit qui séduira le retraité. La complexité et les frais sous-jacents pèsent toutefois lourd et on atteint rarement le but visé. Pourtant, la simple rente viagère, qui existe depuis toujours, attend au bout du banc qu'on fasse appel à ses services ! Le planificateur financier de Léonice lui fait remarquer qu'elle ne doit pas viser « le beurre et l'argent du beurre », c'est-à-dire s'attendre à profiter de la garantie de revenus viagers sans perdre l'accès à son patrimoine initial. La rente viagère est une application de la mutualisation des risques. Les primes payées par tous les souscripteurs de rentes financent les déboursés prévus pour le groupe. Le risque en jeu étant la longévité, l'objectif est de financer les rentes coûteuses de ceux qui vivent longtemps avec les fonds laissés par les décès hâtifs. Exactement l'inverse de l'assurance vie. Dans les deux cas, l'actuaire calcule le juste prix. Pourtant, l'actuaire tarifant la rente viagère est souvent perçu comme celui qui permet à l'assureur de s'enrichir démesurément en cas de décès dans les premières années suivant la souscription. En planification financière, la première voie à envisager pour s'offrir un revenu viager bonifié est le report de la prestation du Régime de rentes du Québec (RRQ) et de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV). En augmentant ses prestations à long terme, le retraité s'assure d'un filet de sécurité plus élevé et viager. D'ailleurs, ce principe REDÉCOUVRIR LA RENTE VIAGÈRE Daniel Laverdière A.S.A., Pl. Fin. Directeur principal planification financière et service conseil Banque Nationale Gestion privée 1859 même était au cœur du Rapport D'Amours avec la recommandation d'une rente de longévité ne commençant qu'à 75 ans, laissant l'épargnant combler lui-même la différence avant cet âge. La mutualisation des revenus de 60 à 70 ans n'est pas pertinente, car la certitude de survie est très élevée. Seulement 10 % de la population en général décèdent dans cette décennie. L'assureur, ayant une grande certitude de verser les sommes, exigera essentiellement des frais administratifs pour agir comme intermédiaire. Ces coûts de friction sont inutiles pour le rentier. Bien entendu, le rentier profite néanmoins de la sécurisation de son capital, en étant hors des marchés. Plus les décennies passent, plus l'assureur jouera son rôle de transférer les sommes de ceux qui décèdent vers ceux qui survivent. La rentabilité de la rente, en termes de retour é co n o m i q u e s u r l a p r i m e ve r s é e , d é p e n d strictement de la durée de vie. Si on décède tôt, on devra accepter une perte. Les sommes perdues iront indirectement aider au financement de la rente de ceux qui vivront longtemps. Le graphique de la page ci-contre indique le taux de rendement interne (TRI) que peut procurer l'achat d'une rente selon l'âge au décès et l'âge de l'achat de la rente. On voit clairement que le rendement est négatif en cas de décès les premières années. L'achat de rente dès 60 ans ne procure qu'un TRI de 5 % à celui qui vit jusqu'à 100 ans. Si la rente était plutôt achetée à 85 ans (possiblement préfinancée par mise de côté d'une partie de ses actifs), on voit que la même personne vivant jusqu'à 100 ans profiterait d'un TRI de 15 %. Par la mutualisation, ce sont ceux qui ont de grands besoins financiers, c'est-à-dire ceux qui vivent longtemps, qui obtiennent un bon rendement. Ironiquement, le plan de retraite d'une personne décédant rapidement n'a probablement jamais été à risque. 110 100 0 % 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % 90 80 70 60 Femmes Hommes Répartition des décès

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