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lacible | Mai 2021
ASSURANCE
L'IMPORTANCE DE
L'ASSURANCE VOYAGE
Jean-Nagual Taillefer
B.A.A., Pl. Fin.
Président et conseiller principal
Groupe Financier Praxis inc.
Étude de cas
Combien de planificateurs financiers ou de
conseillers en sécurité financière analysent la
couverture d'assurance voyage de leurs clients
ou même vérifient s'ils en détiennent une ?
Probablement bien peu… Or, pour une personne qui
voyage, cette assurance trône au deuxième ou au
troisième rang en importance, juste après l'assurance
invalidité et l'assurance vie, selon qu'elle a ou non
des enfants à charge. Pourquoi alors négliger cette
protection ? Au-delà de la simple méconnaissance
du produit ou du peu d'intérêt économique pour
un représentant en assurance comparativement à
la vente d'autres produits ou du fait qu'il n'est pas
distribué par l'employeur du conseiller, l'assurance
voyage est souvent relayée aux oubliettes parce
que contrairement aux besoins d'assurance vie
ou invalidité, il n'existe pas de méthode précise
pour calculer les besoins d'assurance santé et, par
conséquent, l'ampleur du besoin peut être minimisée.
Les conséquences d'un problème de santé sont
très variables ; parfois minimes, elles peuvent aussi
être gigantesques, selon la nature des troubles de
santé subis ainsi que l'endroit où les soins seront
prodigués. « C'est [d'ailleurs] l'une des raisons
pour lesquelles les dépenses catastrophiques sont
couvertes par l'État dans [la plupart des] pays
économiquement développés », nous rappelle La
Collection de l'IQPF
1
.
Certes, s'il est vrai que l'État couvre les dépenses
d'un Québécois lorsque celui-ci se fait traiter au
sein de la province, il en est tout autrement dès
qu'il sort du Québec. Comment cela fonctionne-t-
il ? Il y a deux choses à distinguer : l'endroit où les
services sont reçus et le type de services reçus.
Le site Internet de la Régie de l'assurance maladie
du Québec (RAMQ) donne d'ailleurs les précisions
suivantes
2
: en ce qui a trait aux services reçus à
l'étranger, il y a d'abord les services professionnels.
Ces services comprennent les services rendus
par un médecin, un dentiste ou un optométriste.
1 Voir Module 3, Chapitre 2.3, Évaluation des besoins d'assurance santé de La
Collection de l'IQPF.
2 En ligne : .
3 En ligne : .
Ensuite, il y a les services dits hospitaliers. Ces
services incluent les services liés à un séjour à
l'hôpital, ou encore les services de consultation
externe d'un hôpital. Ils englobent, entre autres,
les soins infirmiers, certains actes diagnostiques,
l'hébergement (en salle) et l'administration
de médicaments pendant une hospitalisation.
Finalement, on retrouve également les services non
couverts. Ces services comprennent tout le reste,
soit : les services rendus par des professionnels qui
ne sont ni médecin ni dentiste ou optométriste, les
autres frais tels que les frais de chambre privée ou
semi-privée, le transport d'urgence, le rapatriement
au Québec ainsi que les frais de médicaments
achetés ailleurs qu'au Québec, et ce, même s'ils
sont prescrits par un médecin. Quant aux endroits,
c'est relativement simple ; on doit distinguer les
voyages hors province qui sont faits à l'intérieur du
Canada (séjour au Canada) de ceux qui sont faits
à l'étranger (séjour à l'étranger).
Que ce soit au Canada ou à l'étranger, l'expression
services non couverts est assez explicite. Ces
services ne sont jamais pris en charge par l'État,
peu importe le lieu où ils sont reçus ou prodigués.
Or, certains de ces frais peuvent être imposants.
Prenons l'exemple de cette Ontarienne qui
s'est vue imposer des frais de 12 000 $ pour un
transport aérien d'urgence entre deux hôpitaux en
Nouvelle-Écosse
3
. Un exemple qui nous rappelle
qu'il n'est pas nécessaire d'être à l'étranger pour
que la facture soit salée. Il est à noter qu'on ne
parle ici que des services non couverts. Ainsi, la
facture peut s'allonger en fonction des frais pour
services professionnels et hospitaliers…
Dans la mesure où ces frais seraient couverts au
Québec, le lieu (reste du Canada ou à l'étranger) où
sont encourus les services professionnels n'a aucune
incidence sur le montant qui sera remboursé ; ces
frais seront remboursés jusqu'à concurrence des
tarifs en vigueur au Québec, et ce, peu importe le
montant déboursé par le voyageur. Naturellement,
pour le voyageur le lieu de l'événement peut
avoir une grande importance. En effet, toujours
selon des exemples tirés du site de la RAMQ,
les frais de service professionnel associés à une
hospitalisation de huit jours en Caroline du Sud pour
une pneumonie peuvent atteindre un peu plus de
10 500 $, alors que dans le cas d'une hospitalisation
pour fracture ouverte du fémur en Ontario, ces frais
atteignent un peu moins de 1 000 $. Cela dit, seuls,
ces frais sont inquiétants, mais c'est surtout lorsque
combinés aux frais de services hospitaliers que les
conséquences de ne pas avoir d'assurance voyage
peuvent devenir vraiment désastreuses.