La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.
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14 lacible | Mai 2020 ASSURANCE DEVRAIT-ON INCLURE LES ALLOCATIONS FAMILIALES DANS L'ANALYSE DU BESOIN EN ASSURANCE VIE ? Jean-Nagual Taillefer B.A.A., Pl. Fin. Président et conseiller principal Groupe Financier Praxis Inc Étude de cas Jasmine et Joël rencontrent leur planificateur financier pour déterminer leur besoin d'assurance vie. Ils se demandent entre autres s'ils devraient inclure les montants des allocations familiales dans l'analyse. Pour y répondre, voyons d'abord en quoi ces allocations consistent. Au Québec, l'Allocation familiale est d'au minimum 1 000 $ et d'au maximum 2 515 $ par enfant, peu importe l'âge de l'enfant (l'enfant doit toutefois avoir moins de 18 ans). À ces prestations, on peut prévoir un versement additionnel unique entre 352 $ et 882 $ pour famille monoparentale (peu importe le nombre d'enfants) et un supplément de 104 $ par enfant pour l'achat de fournitures scolaires (pour un enfant âgé entre 4 ans et 16 ans). Toutes les familles ayant un revenu familial sous les 50 000 $ par année peuvent toucher les prestations maximales. Pour celles qui ont un revenu familial supérieur à 50 000 $, les prestations sont progressivement réduites jusqu'à ce que le revenu familial atteigne environ 88 000 $, auquel cas les prestations minimales seront versées. Dans les cas de garde partagée, les prestations sont habituellement partagées en parts égales entre les parents. Il est à noter que des montants additionnels sont prévus pour enfants handicapés, mais nous ne nous y attarderons pas. Du côté du gouvernement fédéral, le calcul des prestations est un peu plus complexe. En effet, les montants versés dépendent à la fois du nombre d'enfants (la réduction en fonction des revenus est aussi fonction du nombre d'enfants), de l'âge des enfants (s'ils ont moins de 6 ans ou entre 6 ans et 17 ans inclusivement) et diffèrent selon trois paliers de revenus distincts (soit sous les 31 711 $, entre 31 711 $ et 68 708 $, et au-dessus de 68 708 $ de revenu familial net rajusté (RFNR) 1 ). Cela dit, pour 1 La notion de revenu familial net rajusté (RFNR) diffère du revenu familial net (ligne 23600 de la déclaration de revenus fédérale). On doit y soustraire tout revenu de la Prestation universelle pour la garde d'enfants (PUGE) ou d'un régime enregistré d'épargne-invalidité (REEI) (lignes 11700 et 12500 de la déclaration de revenus fédérale) ainsi qu'y ajouter tout montant remboursé de la PUGE ou d'un REEI (lignes 21300 et 23200 de la déclaration de revenus fédérale). 2 Notez que des outils de calculs sont disponibles en ligne : Calculateur de prestations pour enfants et familles et CalculAide pour l'Allocation famille. 3 Lorsque les bénéficiaires sont nommés, sinon les prestations feront partie de la valeur calculée au sein des liquidités successorales. 4 D'autres hypothèses furent émises quant au montant des paiements hypothécaires, des paiements sur prêts, des objectifs de retraite, etc. Ces chiffres sont non pertinents à l'analyse. L'idée, ici, étant d'estimer l'impact des allocations familiales sur le besoin d'assurance vie en ne tenant pas compte d'autres facteurs. garder les choses simples, vous pouvez estimer les prestations comme suit pour une famille n'ayant qu'un enfant : • Enfant de moins de 6 ans et RFNR sous 31 711 $ : prestation maximale de 6 765 $ ; • Enfant entre 6 ans et 17 ans inclusivement et RFNR sous 31 711 $ : prestation maximale de 5 708 $ ; • Si le RFNR se situe entre 31 711 $ et 68 708 $ : diminution graduelle de la prestation maximale de 7 % par dollar gagné supérieur à 31 711 $. • Si le RFNR est supérieur à 68 708 $ : réduction de 2 590 $ plus 3,2 % de l'excédent de 68 708 $ ; • Ainsi, la prestation sera nulle si le RFNR excède 199 177 $ pour un enfant de moins de 6 ans et 166 145 $ pour un enfant entre 6 ans et 17 ans. Ayant démystifié le calcul des allocations familiales, nous pouvons désormais nous attarder à l'impact de les inclure ou non dans le calcul du besoin d'assurance vie 2 . Simplement dit, le calcul du besoin d'assurance vie s'effectue de la façon suivante : on calcule d'abord le capital requis pour combler le revenu nécessaire au maintien du niveau de vie du conjoint survivant, duquel on soustrait (ou ajoute, selon le cas) les liquidités successorales disponibles selon qu'elles sont positives ou négatives. Enfin, on déduit du montant obtenu la valeur des prestations d'assurance vie préexistantes qui seront versées aux bénéficiaires visés par l'analyse 3 . Voyons ainsi quel serait l'impact d'inclure les allocations familiales dans le calcul des besoins d'assurance vie pour une famille comme celle de Jasmine et Joël, qui ont deux jeunes enfants de moins de 6 ans, en présumant que le couple aimerait protéger le niveau de vie familial jusqu'à ce que leur plus jeune ait atteint ses 18 ans. Pour ce faire, nous allons également présumer que Jasmine et Joël gagnent chacun 35 000 $ brut par année, qu'ils épargnent environ 8 700 $ dans un REER et que le coût de vie familial est d'environ 50 000 $ 4 . Aussi, afin de faciliter les calculs, nous avons utilisé les prestations fédérales pour enfant de 6 à 17 ans pour l'ensemble de l'analyse, même si les prestations seraient légèrement plus élevées pendant quatre ans pour Jérémie et pendant un an pour Jade.