La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.
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20 lacible | Mai 2015 DOSSIER Il s'agit d'un processus inconscient au cours duquel le cerveau filtre l'information sur les choix offerts et l'organise pour ensuite en créer une version simplifiée. Pour ce faire, le cerveau effectue plusieurs opérations : LA FINANCE COMPORTEMENTALE EN PLANIFICATION FINANCIÈRE Après plus de 25 années passées à aiguiser le savoir-faire des planificateurs financiers du Québec, l'IQPF désire faire avancer la profession en reconnaissant que la discipline rationnelle qu'est la planification financière doit se mouler à l'humain, un être intelligent, mais souvent irrationnel sur le plan économique. C'est pourquoi l'IQPF s'ouvre à cette branche de l'économie qu'est la finance comportementale. Ce nouveau champ d'expertise est souvent associé au domaine du placement, mais son potentiel d'application est beaucoup plus large. En effet, les individus étant appelés à prendre des décisions de nature financière tous les jours, la compréhension du processus décisionnel du client ajoutera un niveau de qualité à la prestation de services en planification financière. Lorsqu'on examine les résultats obtenus par les chercheurs en sciences économiques au cours des 30 dernières années, on comprend l'importance d'intégrer la psychologie aux théories économiques et financières. En effet, ce n'est qu'en comprenant comment l'être humain prend ses décisions financières que nous pourrons proposer des solutions auxquelles nos clients adhèrent, et ce, en toute connaissance de cause. Les deux théories dominantes quant au processus décisionnel applicable aux décisions financières en situation d'incertitude sont la théorie des perspectives (prospect theory) 1 et la comptabilité mentale (mental accounting) 2 . La théorie des perspectives divise le processus décisionnel en deux phases, soit la phase d'édition et la phase d'évaluation. Dans ce numéro, nous nous concentrons sur la phase d'édition 3 , la première du processus décisionnel. Cette étape est nécessaire afin de nous permettre d'analyser une grande quantité d'information et de prendre de multiples décisions en peu de temps. Quel chemin prendre pour aller au travail ce matin ? Quels vêtements porter ? Quels fonds choisir ? 1 D. KAHNEMAN et A. TVERSKY « Prospect theory: An analysis of decision under risk » (1979) 47:2 Econometrica 263. 2 R. H. THALER., « Mental accounting and consumer choice » (1985) 4 Marketing Science 199. 3 D. KAHNEMAN et A. TVERSKY « Prospect theory: An analysis of decision under risk » (1979) 47:2 Econometrica 263. Opération Définition Exemple Encodage* Pour chaque option, les résultats possibles sont classés comme gains ou comme pertes en fonction d'un point de référence. Le point de référence est généralement la valeur nette ou la valeur d'un actif ou d'une combinaison d'actifs (statu quo). Un investisseur canadien qui doit choisir entre un titre libellé en $ US et un titre libellé en $ CA pourrait « coder » la différence de valeur nominale entre les deux titres comme un gain (ou une perte) immédiat. Combinaison* Une façon de simplifier chaque option est de combiner les probabilités associées à des résultats identiques. Deux probabilités de 25 % de gagner 200 $ deviennent une probabilité de 50 % de gagner 200 $. Ségrégation* La composante sans risque d'un choix peut être séparée de la composante risquée. Une option dont les résultats possibles sont un gain de 300 $ (80 %) et un gain de 200 $ (20 %) devient un gain certain de 200 $ + un gain possible de 100 $ (80 %). Simplification* Arrondissement des probabilités ou des résultats possibles. Une probabilité de 49 % de gagner 101 $ devient une probabilité de 50 % de gagner 100 $. Une probabilité de 3 % que le S&P 500 baisse de 40 % se traduit par une impossibilité que cette baisse ait lieu. Détection de l'option dominante Analyse rapide de toutes les options pour détecter celles dont tous les résultats possibles sont au moins équivalents et au moins un est supérieur aux résultats possibles des autres options. Les autres options sont éliminées. Prenons par exemple un portefeuille A, qui a 45 % de probabilité d'obtenir un rendement entre 11 % et 20 %, et 55 % de probabilité d'obtenir un rendement entre 0 % et 10 %. Le portefeuille B, lui, a 45 % de probabilité d'obtenir un rendement de -1 % à 10 % et 55 % de probabilité d'obtenir un rendement entre 0 % et 5 %. L'option B sera éliminée, tous les résultats possibles étant inférieurs à ceux de l'option A.