La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.
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12 lacible | Mai 2016 ASSURANCE Jean-Nagual Taillefer B.A.A., Pl. Fin. Planificateur financier et conseiller en sécurité financière Services financiers Jean-Nagual Taillefer Inc. Étude de cas Lucie et Luc se demandent quelles seraient les conséquences s'ils devaient, en vieillissant, subir le même sort que le père de Lucie. Seraient-ils en mesure d'assumer les frais d'hébergement en CHSLD ? Est-ce que cela mettrait en péril la retraite du conjoint non touché ? Ils se demandent s'ils devraient souscrire une assurance soins de longue durée (ASLD). Comment fonctionne l'ASLD ? Souscrire une ASLD demande une analyse complète de dossier et il faut répondre à des exigences médicales. Une personne qui est déjà malade, dans un état d'incapacité ou dont les antécédents ne sont pas favorables se verra refusée par l'assureur. Dans sa forme, l'ASLD s'apparente à une assurance invalidité. Les réclamations sont cependant effectuées lorsque la personne assurée est dans un état d'incapacité sévère, c'est-à-dire qu'elle est incapable d'accomplir deux des six tâches de la vie quotidienne (se vêtir, se laver, se déplacer minimalement, se nourrir, utiliser les toilettes et maintenir sa continence). Les primes d'une ASLD sont habituellement payables à vie ou jusqu'à l'âge de 100 ans. La plupart des assureurs garantissent les primes durant les cinq premières années du contrat, mais se réservent le droit d'augmenter celles-ci par la suite. Finalement, si des prestations sont versées, les primes seront exonérées durant toute la période de réclamation. Raisons de souscrire une telle assurance Luc et Lucie croient qu'une ASLD les empêcherait de devenir un jour un fardeau, tant personnel que financier, pour leurs proches. Une telle assurance leur permettrait également de ne pas dilapider leur patrimoine s'ils doivent un jour avoir recours à des soins à domicile ou en établissement à cause d'une incapacité importante. Finalement, l'ASLD leur assurerait de ne pas se retrouver dans un CHSLD subventionné, comme celui où le père de Lucie est hébergé (ils aimeraient de meilleures conditions). Ont-ils raison ? L'ASLD doit-elle être envisagée ? Le recours à l'assurance est généralement valable lorsque les conditions suivantes sont remplies : a) le risque potentiel est facilement compréhensible et quantifiable ; b) la perte financière potentielle sera facilement compensée par l'assurance et l'assurance apporte une certaine paix d'esprit (quant à son maintien et au transfert du risque) ; et c) le coût de l'assurance est raisonnable par rapport à la couverture offerte (coût versus risque transféré). Dans le cas de l'ASLD, il est moins évident que ces conditions sont respectées. D'abord, le risque est difficilement quantifiable ; les coûts peuvent varier grandement selon ce qui engendre l'incapacité et les soins requis. Ensuite, la « perte financière » pourrait très bien ne pas être complètement compensée. On n'obtient donc pas la paix d'esprit quant à la perte occasionnée, la protection du patrimoine ou, ultimement, l'endroit et la qualité des soins désirés. De plus, si l'on se fie à l'expérience américaine des produits ASLD, le paiement de la prime pourrait devenir insoutenable pour l'assuré 1 , qui perdrait sa couverture. Finalement, les primes payées sont relativement élevées par rapport au risque couvert ou aux prestations qui pourraient être reçues. Le tableau de la page ci-contre 2 exprime les primes payées pour Luc selon l'âge à la souscription et le moment de la réclamation, en prenant en considération le coût d'opportunité sur les primes « investies » 3 . En L'ASSURANCE SOINS DE LONGUE DURÉE, UNE OPTION VALABLE ? 1 Certains assureurs, tel John Hancook, CNA Financial Corp., CALpers, ont augmenté leurs primes de plus de 90 % de la prime initiale. 2 Primes illustrées pour un homme, non fumeur, demandant des prestations mensuelles de 5 000 $ par mois, non indexées et sans option de remboursement des primes, pour une durée de cinq ans. 3 En considérant que les primes pourraient être investies à un taux de rendement de 3,3 % après frais et impôts (profil équilibré, dans un CELI, par exemple).