La Cible

Mai 2022

La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.

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20 lacible | Mai 2022 ASSURANCE Il est effectivement étonnant de constater que certains clients aiment les assurances qui remboursent des soins ou des produits non taxés (lunettes, physiothérapie, etc.). Ils ne réalisent pas qu'ils choisissent de payer volontairement des taxes et des frais pour gérer leur budget. Lorsque confrontés au choix suivant, 65 % des personnes choisissent le plan d'assurance maladie complémentaire A plutôt que le B 7 : A) Franchise annuelle de 1 000 $ et prime men- suelle de 150 $ B) Franchise annuelle de 1 500 $ et prime mensu- elle de 100 $ Pourtant, quel que soit le niveau des réclamations, l'option B est toujours meilleure. Le tableau 4 illustre le coût total (prime + franchise) selon différents scénarios de réclamation. Les montants en gras sont les points morts : frais admissibles – (primes + franchise) = 0 $. Des frais admissibles inférieurs aux points morts impliquent que l'assureur est gagnant (le client est perdant), alors qu'avec des frais supérieurs, c'est l'inverse. L'assureur détermine ses primes et les franchises pour qu'en moyenne, ce soit un jeu à somme positive pour lui et à somme négative pour ses assurés. Ainsi, en plus d'être plus avantageuse que l'option A, l'option B a un point mort plus tardif que l'option A. Elle est donc non seulement plus avantageuse en toutes circonstances, mais l'avantage est encore plus prononcé lorsqu'il y a peu de réclamations. Les moins bons produits d'assurance sur le marché sont les garanties prolongées. Voici ce qu'a écrit Richard Thaler, lauréat du prix Nobel d'économie, à ce sujet dans son livre Nudge : la méthode douce pour inspirer la bonne décision : D'après nos calculs, l'extension de garantie est un produit qui ne devrait tout simplement pas exister. Si les simples mortels réalisaient qu'ils payaient vingt dollars une assurance qui en vaut deux, ils ne la prendraient pas. Frais admissibles 0 $ 1 000 $ 2 700 $ 2 800 $ Plan Prime Franchise Coût total : prime + franchise A 1 800 $ 1 000 $ 1 800 $ 2 800 $ 2 800 $ 2 800 $ B 1 200 $ 1 500 $ 1 200 $ 2 200 $ 2 700 $ 2 700 $ 8 Marc TISON, « Les assurances soins et maladies sous le microscope », La Presse, 28 mars 2021 ; en ligne : . 9 La finance comportementale nous enseigne que certains clients réagissent davantage à un terme à connotation positive (prévoyance) plutôt que négative (urgence) ; pour d'autres, c'est l'inverse. 10 Voir à ce sujet l'article Placements du présent numéro de La Cible. Bien sûr, pour qu'un client puisse se permettre de choisir des franchises plus élevées, il faut que sa capacité (résilience) financière le lui permette. Selon le professeur des HEC Martin Boyer : Un fonds d'urgence, j'appelle ça un fonds écon- omiseur de primes d'assurance. Ça m'empêche de prendre des garanties prolongées 8 . Lorsque les clients ont un fonds de prévoyance (aussi appelé fonds d'urgence) 9 adéquat, cela leur permet non seulement d'augmenter le montant de leurs franchises, mais aussi d'améliorer la qualité de leur sommeil lorsque ce fonds est financé par des actifs et non par une marge de crédit. En effet, un fonds de prévoyance bien capitalisé modifie les deux principales composantes du profil de risques du client selon la nouvelle version du Règlement 31-103 : sa volonté d'accepter les risques et sa capacité à assumer les pertes financières 10 . Et cela permet d'augmenter la pondération en actions de ses placements. Comment un planificateur financier pourrait-il justifier que le portefeuille de placements de son client ait une forte pondération en actions si celui- ci ne peut pas tolérer une franchise de 500 $ ou de 1 000 $ ? Dans les deux cas, nous devons mesurer son aversion aux pertes financières. Puisque l'assurance est un jeu à somme négative et compte tenu des coûts d'opportunité (besoins nombreux des clients et budget restreint), les cli- ents ne devraient pas transférer les conséquences financières qu'ils peuvent assumer. La planification financière est souvent l'art du juste équilibre : • Trop peu d'assurance peut mettre en danger la sécurité financière de nos clients lorsque le risque assuré se produit ; • Trop d'assurance peut retarder l'atteinte des autres objectifs (par exemple la retraite) de nos clients puisque des primes trop élevées diminuent l'épargne des clients. Tableau 4

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