La Cible

Août 2015

La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.

Issue link: https://digital.carswellmedia.com/i/700536

Contents of this Issue

Navigation

Page 18 of 19

19 FEATURE ARTICLE 2. Le poids accordé aux résultats possibles ne correspond pas à l'évaluation rationnelle des probabilités applicables à chacun de ces résultats. Cette évaluation se fait à l'aide d'un poids décisionnel qui ne correspond qu'à une évaluation subjective de la probabilité réelle. En fait, dans un contexte d'incertitude, le processus d'attribution de valeur par le décideur comporte trois caractéristiques 3 : • La dépendance au point de référence La valeur que l'on attribue à une option donnée dépend de son point de référence. Un investisseur qui utiliserait le prix d'achat d'une action comme point de référence pourrait se considérer en situation de gain, alors que le même investisseur pourrait se considérer en situation de perte s'il utilisait plutôt la valeur de l'action à la fin du mois précédent. • L'aversion aux pertes Ce biais amène le décideur à préférer un gain certain à la probabilité élevée de gagner un plus gros montant. Cette aversion au risque en situation de gain s'inverse en situation de perte, le décideur préférant miser « le tout pour le tout » lorsqu'il existe une probabilité, aussi faible soit-elle, d'éviter une perte. • Une sensibilité marginale décroissante Plus le montant est petit par rapport à un point de référence donné, moins il comptera aux yeux du décideur. Ainsi, s'endetter de 1 000 $ fait plus mal que d'augmenter une dette existante de 20 000 $ à 21 000 $. La probabilité que l'événement se produise influence le poids décisionnel, mais elle est estimée de façon subjective puisqu'elle intègre la désirabilité de l'événement, ainsi qu'une multitude de facteurs, comme la survenance d'un événement similaire dans un passé récent. Même lorsque le décideur connaît la probabilité réelle qu'un événement se produise, le poids décisionnel qu'il utilise dans son évaluation n'y correspond généralement pas. À titre de planificateur financier, il faut être conscient que les événements marquants de l'actualité (comme une correction du marché), ainsi que ceux ayant affecté la vie professionnelle ou familiale du client (comme une perte sur un titre), ont une influence sur le poids qu'il accorde aux options qui s'offrent à lui. Par exemple, les inondations majeures des dernières années pourraient amener 3 Daniel KAHNEMAN et Amos TVERSKY, « Loss Aversion in Riskless Choice », (1991) 106:4 The Quarterly Journal of Economics 1039-1061. une personne à chercher à s'assurer contre ce risque, même si les inondations sont peu probables, voire impossibles, à son lieu de résidence. Notons que la distorsion entre la probabilité et le poids décisionnel est particulièrement importante en présence de probabilités extrêmes (comme 99 % ou 1 %). Le planificateur financier doit s'attarder davantage aux réactions de son client face à des informations de cet ordre et éviter, lorsque possible, de les utiliser. Vous l'aurez peut-être déjà compris, notre défi est d'amener nos clients à prendre leurs décisions en fonction de leur valeur nette, alors qu'il ne s'agit généralement pas du point de référence qu'ils utilisent pour évaluer leurs options. Malheureusement, l'être humain tend naturellement à prendre ses décisions financières en silo. C'est d'ailleurs ce que nous explorerons dans le prochain numéro, puisqu'il sera question de l'autre grande théorie de la finance comportementale, la comptabilité mentale. BEHAVIOURAL FINANCE: THE VALUE GIVEN TO INFORMATION In our May 2015 issue, we introduced the topic of behavioural finance, the new branch of economics that combines psychology with economic and financial theories. We saw that the human brain uses different processes to filter and simplify the information it receives in order to analyze it and make multiple decisions in a short time. This is what we call the editing phase, and it is the first phase of the decision-making process, according to Prospect Theory. Prospect Theory 1 is a significant advancement in terms of behavioural finance. It explains the decision-making process of a person who has to choose among several options when each of these options may generate several different outcomes. The evaluation model takes into account the biases that influence the value of the data being considered in a decision that involves a financial risk. In psychology, a bias is a favourable or unfavourable attitude toward an unproven hypothesis that prevents a person from correctly evaluating evidence. 2 1 Daniel KAHNEMAN and Amos TVERSKY, « Prospect Theory: An Analysis of Decision Under Risk », (1979) 47:2 Econometrica 263-291. 2 Grand dictionnaire terminologique de l'Office de la langue française ; online: .

Articles in this issue

Links on this page

Archives of this issue

view archives of La Cible - Août 2015