La Cible, magazine officiel de l’IQPF, est destinée aux planificateurs financiers et leur permet d’obtenir des unités de formation continue (UFC). Chaque numéro aborde une étude de cas touchant les différents domaines de la planification financière.
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FEATURE ARTICLE
2. Le poids accordé aux résultats possibles ne
correspond pas à l'évaluation rationnelle des
probabilités applicables à chacun de ces
résultats. Cette évaluation se fait à l'aide d'un
poids décisionnel qui ne correspond qu'à une
évaluation subjective de la probabilité réelle.
En fait, dans un contexte d'incertitude, le processus
d'attribution de valeur par le décideur comporte
trois caractéristiques
3
:
• La dépendance au point de référence
La valeur que l'on attribue à une option
donnée dépend de son point de référence. Un
investisseur qui utiliserait le prix d'achat d'une
action comme point de référence pourrait se
considérer en situation de gain, alors que le
même investisseur pourrait se considérer en
situation de perte s'il utilisait plutôt la valeur de
l'action à la fin du mois précédent.
• L'aversion aux pertes
Ce biais amène le décideur à préférer un gain
certain à la probabilité élevée de gagner un
plus gros montant. Cette aversion au risque
en situation de gain s'inverse en situation de
perte, le décideur préférant miser « le tout pour
le tout » lorsqu'il existe une probabilité, aussi
faible soit-elle, d'éviter une perte.
• Une sensibilité marginale décroissante
Plus le montant est petit par rapport à un point
de référence donné, moins il comptera aux yeux
du décideur. Ainsi, s'endetter de 1 000 $ fait plus
mal que d'augmenter une dette existante de
20 000 $ à 21 000 $.
La probabilité que l'événement se produise
influence le poids décisionnel, mais elle est estimée
de façon subjective puisqu'elle intègre la désirabilité
de l'événement, ainsi qu'une multitude de facteurs,
comme la survenance d'un événement similaire
dans un passé récent. Même lorsque le décideur
connaît la probabilité réelle qu'un événement se
produise, le poids décisionnel qu'il utilise dans son
évaluation n'y correspond généralement pas.
À titre de planificateur financier, il faut être conscient
que les événements marquants de l'actualité
(comme une correction du marché), ainsi que ceux
ayant affecté la vie professionnelle ou familiale
du client (comme une perte sur un titre), ont une
influence sur le poids qu'il accorde aux options
qui s'offrent à lui. Par exemple, les inondations
majeures des dernières années pourraient amener
3
Daniel KAHNEMAN et Amos TVERSKY, « Loss Aversion in Riskless Choice »,
(1991) 106:4 The Quarterly Journal of Economics 1039-1061.
une personne à chercher à s'assurer contre ce risque,
même si les inondations sont peu probables, voire
impossibles, à son lieu de résidence.
Notons que la distorsion entre la probabilité et le
poids décisionnel est particulièrement importante
en présence de probabilités extrêmes (comme 99 %
ou 1 %). Le planificateur financier doit s'attarder
davantage aux réactions de son client face à des
informations de cet ordre et éviter, lorsque possible,
de les utiliser.
Vous l'aurez peut-être déjà compris, notre défi est
d'amener nos clients à prendre leurs décisions en
fonction de leur valeur nette, alors qu'il ne s'agit
généralement pas du point de référence qu'ils
utilisent pour évaluer leurs options. Malheureusement,
l'être humain tend naturellement à prendre ses
décisions financières en silo. C'est d'ailleurs ce que
nous explorerons dans le prochain numéro, puisqu'il
sera question de l'autre grande théorie de la finance
comportementale, la comptabilité mentale.
BEHAVIOURAL FINANCE:
THE VALUE GIVEN TO
INFORMATION
In our May 2015 issue, we introduced the topic of
behavioural finance, the new branch of economics
that combines psychology with economic and
financial theories. We saw that the human brain
uses different processes to filter and simplify the
information it receives in order to analyze it and
make multiple decisions in a short time. This is
what we call the editing phase, and it is the first
phase of the decision-making process, according
to Prospect Theory.
Prospect Theory
1
is a significant advancement
in terms of behavioural finance. It explains the
decision-making process of a person who has
to choose among several options when each
of these options may generate several different
outcomes. The evaluation model takes into account
the biases that influence the value of the data
being considered in a decision that involves a
financial risk. In psychology, a bias is a favourable
or unfavourable attitude toward an unproven
hypothesis that prevents a person from correctly
evaluating evidence.
2
1
Daniel KAHNEMAN and Amos TVERSKY, « Prospect Theory: An Analysis of
Decision Under Risk », (1979) 47:2 Econometrica 263-291.
2
Grand dictionnaire terminologique de l'Office de la langue française ; online: