La Cible

16 lacible | Mai 2016 PLACEMENT PASSER À L'ÉTAPE DU DÉCAISSEMENT Claude Chauret D.D.N., LL.L., M. Fisc., Pl. Fin., CIM Étude de cas Lucie consulte son planificateur financier, car l'heure de la retraite va bientôt sonner pour elle ! Elle est quand même inquiète. L'arrivée à la retraite a un aspect comportemental important. Sans jouer au psy amateur, le planificateur financier doit savoir se mettre dans la peau de son client. Toute sa vie, ce client a économisé et grâce aux judicieux conseils de son Pl. Fin., il a vu son patrimoine fructifier. Mais voilà qu'il doit passer à l'étape suivante, le décaissement, étape où il verra le résultat de ses efforts des années passées diminuer continuellement. À part les gens qui possèdent une fortune colossale, la plupart des clients demanderont le classique « Est-ce que j'en ai assez ? » La deuxième question souvent posée au moment du décaissement est : « Quel est le maximum que je pourrai dépenser par année ? » Un bon logiciel de projections de liquidités devrait permettre, en changeant une ou deux variables, de répondre à ces questions. En ce qui concerne la source des fonds, la solution sera différente. Si Lucie avait un compte qui n'est pas à l'abri de l'impôt, j'essaierais de convertir l'argent en fonds de série T. Un grand nombre de fonds ont une version « T ». Lors d'une conversion en fonds de série T, il y a une réaffectation du numéro du fonds et il n'y aura pas d'impôts réclamés. Si vous voulez éviter à votre client des ennuis avec le fisc, vous devez demander à votre administration de faire un échange sans disposition (aussi connu en latin sous le nom de « switch sans disposition »). Ce faisant, la transaction n'apparaîtra pas sur le relevé T-5008 qui sera émis à la fin de l'année pour rapporter tous les achats et les ventes de vos clients. Si vous omettez de le faire, ce n'est pas nécessairement la fin du monde, mais vous vous exposez à des heures de plaisir à discuter avec les employés de nos gouvernements. Pour aider Lucie à comprendre le fonctionnement d'un fonds de série T, donnons-lui l'exemple suivant. Supposons qu'un client investit 100 000 $ dans un fonds de série T. Supposons également que ce fonds rapporte 5 % chaque année et que, par un drôle de hasard, le client ait besoin de retirer 5 000 $ par année. Que va-t-il se passer ? Au bout de 20 ans, le fonds va toujours valoir 100 000 $, puisqu'il rapportait 5 000 $ chaque année et que le client retirait 5 000 $ chaque année aussi. Mais pendant 20 ans, le client n'aura presque pas payé d'impôt. Par contre, le fonds sera composé d'unités qui valent 100 000 $, mais qui ont un prix de base rajusté (PBR) de zéro. Si le client décide qu'il en a assez ou s'il décède, il y aura alors une disposition à 100 000 $ d'un bien ayant un PBR de zéro. Nous créerons donc un gain en capital imposable de 50 000 $. Au taux d'imposition maximum, le client ou sa succession paieront à peine 25 000 $ d'impôt. Pas si mal pour des retraits annuels de 5 000 $ pendant 20 ans. Mais Lucie doit comprendre que cette situation fictive n'est pas la réalité, qu'un fonds ne rapporte pas toujours 5 % et qu'elle risque de ne pas rester 20 ans dans le fonds. Elle doit aussi comprendre que certaines années, il y aura une distribution sur laquelle elle payera de l'impôt, mais au moins, l'exemple lui aura permis de comprendre le fonctionnement des fonds de série T. Si Lucie doit décaisser de l'argent de son REER, toutes les stratégies pour éviter de payer de l'impôt sont inutiles. Ce qui sera retiré du REER sera imposé. Une autre stratégie possible pour Lucie serait de lui faire investir trois années de décaissement dans un fonds très peu volatil. Elle fera probablement un moins bon rendement, mais au moins, l'argent sera toujours là pour effectuer ses retraits mensuels. Elle pourrait alors investir ce qui reste de ses fonds

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